Écrire : de mère en fille.
J’ai toujours vu ma maman remplir des carnets de sa belle écriture souple et régulière. Le goût d’écrire est le plus beau patrimoine qu’elle m’a transmis.
Il est gravé quelque part dans mon ADN.
Je me souviens d’une fin d’après-midi d’hiver. Nous étions dans les Landes, à la fin des années 1980.
J’étais une petite fille sage et réservée, de retour de l’école.
La scène se passe dans ma chambre d’enfant aux murs tapissés de minuscules fleurs mauves.
Posée sur mon lit, une carte aux couleurs saturées m’attend.
C’était le plus puissant des messages d’amour : une lettre de ma maman.
Elle m’expliquait dans cette missive son départ pour la clinique, ma petite sœur tant espérée ayant subitement exprimé les signes de son arrivée proche.
Elle quittait la maison pour mieux me retrouver bientôt.
Elle si pudique et qui ne trouvait pas les mots de sa tendresse à l’oral m’avait offert un cadeau précieux. La martingale d’une vie pleine, le socle solide pour résister aux tempêtes : l’assurance de son amour indéfectible.
Ce n’était que quelques phrases simples, tracées de sa jolie plume ondoyante sur le papier. La marque indélébile de son amour.
Depuis cette découverte, j’ai gardé un lien particulier avec les mots.
Au rythme de mes émotions d’enfant, de mes premières peines de cœur, de mes aventures professionnelles.
J’écris pour dire le temps qu’il fait, le temps qui passe, les joies qui me traversent.
Les amours, les deuils, les joies immenses de la maternité.
Grâce aux carnets de ma maman, à toutes ses vies de papiers qu’elle m’a données dans sa bibliothèque bigarrée, chinée au gré des rencontres, j’ai trouvé l’essence de ma mission ici : garder la trace des vies vécues.
J’écris pour augmenter la vie !